J’ai déjà eu la chance de pénétrer dans les coulisses du cinéma en travaillant en 2007 sur les décors de L’Occitanienne ou le Dernier Amour de Châteaubriand. Dix ans plus tard, Jean Périssé m’a fait l’honneur de m’appeler pour son tout dernier tournage, un long métrage sur la vie de Pierre Paul Riquet, le concepteur du Canal du Midi.
Contexte historique
L’histoire se déroule au 17e siècle — précisément en 1670 — quand le tronçon Toulouse-Naurouze du Canal du Midi doit être inauguré.
Avec la construction de Versailles, le Canal du Midi est le deuxième chantier majeur du Roi Louis XIV et bien sûr, l’œuvre de la vie de Pierre Paul Riquet.
Tournage en décors naturels
Jean Périssé m’a confié la décoration de son film, lequel a été tourné dans trois départements d’Occitanie : Haute-Garonne, Tarn et Aude. L’essentiel des prises de vue a eu lieu sur sites : château, abbayes, villages, et bien sûr des extérieurs, parfois en pleine nature.
J’ai donc travaillé à dissimuler les installations modernes qui pouvaient apparaitre dans le cadre.
L’art de la dissimulation
Lors des scènes au château de Laréole en Haute-Garonne, il m’a fallu faire disparaitre les caméras de surveillance grâce à un habile trompe-l’œil. Le château appartient au Conseil départemental et est un lieu d’exposition. Mes modifications doivent être temporaires, faciles à poser au moment de la prise de vue et retirées immédiatement après pour libérer des espaces souvent ouverts au public.
Les caméras ont donc été dissimulées par des fenêtres en trompe-l’œil peintes sur des plaques en polystyrène. J’ai reproduit le blason de Riquet sur une plaque de bois.
Contrairement à Bonrepos (le château de Riquet), le château de Laréole n’est pas meublé, nous avons pu le décorer dans le style de l’époque en louant du mobilier auprès des antiquaires et musées de la région.
Un mois de fabrication pour un mois de tournage
L’un de mes grands défis a été de reproduire le chantier d’excavation du canal avec les outils d’époque.
La tranchée qui a été utilisée pour le film a été initialement creusée par une pelle mécanique par deux mètres de profondeur sur 100 mètres de long par dix mètres de large, afin d’offrir une perspective suffisante.
Outils d’époque
Parmi les outils utilisés à l’époque pour mener à bien ce chantier titanesque, en dehors d’une quantité impressionnante d’huile de coude, il y avait deux machines en bois particulières à reproduire et donc à construire :
- La sonnette à mouton, une machine qui plantait des pieux afin de stabiliser les sols meubles
- La chèvre, qui aidait à lever les pierres.
J’ai travaillé sur ces deux machines avec l’aide de mon assistant et ami Guy à partir d’illustrations anciennes. Nous les avons réalisées en planches de volige très fines et légères afin d’optimiser le budget et de faciliter la logistique. Toute l’illusion du bois massif est le fruit du travail de peinture et de patine qui vient ensuite, dans la tradition du trompe-l’œil, cet art très fortement mobilisé tout au long du tournage.
Le film
Entre l’idée initiale et le clap de fin du tournage, il a fallu des années de travail à mon ami Jean Périssé pour mener son projet à bien. La contrainte forte pour cet auteur passionné par l’histoire occitane en général et celle du Canal du Midi en particulier a toujours été de réaliser un film historique de fiction avec peu de moyens. Le travail en amont est donc capital : sept ans de repérages et réécritures du scénario, une équipe réduite de techniciens et un tournage en un temps record lui ont permis de rester dans un budget contraint. Et je suis fier d’avoir contribué à la réalisation de cette aventure grâce à mon art de montrer beaucoup en partant de peu!
Actuellement, Jean termine le montage du film et travaille à la distribution du film.
Dès que nous aurons une date de sortie, nous vous souhaitons nombreux à venir admirer le fruit de notre travail.